[Article écrit par Adeline Lajoinie pour Happiness Work]


Alors que le confinement a, forcément, bouleversé tout notre rapport au temps, penchons-nous un peu plus sur cette gestion du temps. Bien difficile à maîtriser, provoquant souvent stress et angoisse, cette notion du temps qui passe est complexe pour tous. Comment mieux gérer son temps et donc sa vie ?


La confusion entre Temps et Vitesse


Comme l’explique parfaitement bien Etienne Klein, philosophe et physicien, expert français de la question du temps dans cet article du Monde, notre société moderne a une fâcheuse tendance à confondre temps et vitesse.

Contrairement à ce que nous pensons, ce n’est pas parce que nous faisons tout plus vite que le temps va plus vite. Ce dernier n’accélère pas. La vitesse dont nous parlons, c’est la réalité tout entière qui “passe”. Mais le temps, lui, ne cesse jamais d’être là pour la faire passer.


Pourquoi le temps génère du stress ?

Nous sommes très souvent agacés, voire terrorisés, par tous les frottements du quotidien, par la perspective de perdre du temps. Notre perception d’une mauvais gestion du temps génère alors automatiquement des pics de stress. Un stress “temporel” qui peut prendre différentes formes :

● L’heure, la mesure du temps, l’obsession de l’horloge

● L’urgence

● La vitesse et l’accélération

● La durée, un moment de temps, un espace temps qui se doit d’être le plus court possible

● Le cycle, l’angoisse de la répétitivité d’un espace temps

● Et aussi le moment, l’instant, l’immédiat, le retard, la ponctualité, le délai et le délai zéro et tous ces nouveaux termes comme la chrono concurrence, la chrono biologie, la chrono pharmacologie


Quelques clés pour gérer son temps… et son stress !


Pourquoi “gérer” son temps ?


On se sent “débordé”, on est “over booké”, on “croule” sous le travail. Gérer son temps peut parfois donner l’impression qu’il faudrait être toujours plus performant  et savoir “gérer” sa vie comme on gère une entreprise. Cette injonction à ne pas perdre une minute, à ne surtout pas “gaspiller” son temps, à le “rentabiliser”, est-ce vraiment la bonne manière d'apprendre à gérer son temps ?

Il est clair que contrôler son temps peut aider à contrôler son stress. Mais le but doit toujours être de rééquilibrer sa vie. Contrôler son temps, définir les buts et les objectifs, cela ne signifie pas forcément augmenter sa productivité. Cela signifie aussi apprendre à se connaître et à passer du temps avec soi, s’écouter et trouver son propre rythme.


Faire un “audit” de sa gestion du temps


Appliquer les méthodes de l’entreprise à sa vie de tous les jours, ce n’est pas si bête. Si l’on se sent débordé(e), pourquoi ne pas se poser (voire faire une pause) pour analyser ce sentiment de trop peu de temps ou de trop plein de contraintes.

Afin de mieux gérer temps et stress, beaucoup préconisent de définir ses priorités. Mais à chacun sa méthode ! Joël de Rosnay, par exemple, confiait ICI : « Je classe mes activités en quatre catégories : d’abord ce qui est urgent et nécessaire, ensuite ce qui urgent mais non nécessaire, puis ce qui est nécessaire mais non urgent et enfin ce qui n’est ni urgent ni nécessaire… et je commence par la fin ! »

Mais attention à ne pas céder au “tout liste” qui peut générer plus de stress qu’il n’en guérit. Gérer son temps, c’est aussi y intégrer tout ce qui est enviable pour nous : le repos, les choses qui vous tiennent à cœur et surtout vos projets les plus chers. Intégrez donc dans vos listes des choses agréables comme la découverte d’un nouveau lieu, la visite d’un musée qui vous fait envie, de la lecture, regarder une nouvelle série, jardiner ou simplement se reposer.

Il faut également se définir des buts précis. Pas des objectifs vagues, qui ne seront jamais atteints et généreront donc de la frustration. Vous avez envie de faire un potager. Listez les fruits et légumes à acheter et planifiez une après-midi pour tout planter.


Gestion du temps dans le travail : tout est question de “soi” 


La gestion du temps en entreprise, comme dans sa vie personnelle, cela commence également par apprendre à se connaître soi-même. Une petite introspection peut alors se révéler bien plus efficace qu’une analyse trop “technique” de la gestion de son temps.


Voici, par exemple, 5 petites choses qui peuvent vous aider à mieux gérer votre temps en entreprise :

- Apprendre à dire “non” : vous n’avez pas le temps, pas envie de faire cette tâche. Il est important de savoir refuser. Un moment pas toujours facile à passer mais qui peut, à terme, réduire le stress lié à une tâche que ne vous incombait pas.

- Éliminer : gagner du temps, c’est savoir éliminer le superflu et repousser les dévoreurs de temps. Identifier les pertes de temps ou carrément « les voleurs de temps » comme votre téléphone ou votre boite mail. Et décidez de plages pour les mettre sur “off” afin de vous consacrer aux tâches essentielles.

- Déléguer : ce n’est pas synonyme d’abandonner. Déléguer, c’est faire confiance à l’autre et avoir confiance en son propre choix et donc en soi-même. C’est se dégager du temps pour ses priorités.

- Renoncer : vous avez une tâche qui revient tout le temps sur votre “to-do liste” ou sur votre agenda. C’est peut-être pour une bonne raison que vous n’arrivez pas à la terminer. Alors il faut peut-être la laisser de côté et se dire que ce dossier est fait pour rester inachevé.

- Rétro-Planifier : prendre le problème “à l’envers” peut vous permettre de mieux gérer le stress entourant une tâche non terminée. Estimez le temps maximal que peut vous prendre cette tâche et plutôt que de mettre sur votre agenda la date de rendu, mettez les jours prévus pour travailler dessus. Vous verrez ainsi plus clairement l’évolution et la résolution de cette tâche.



Pour les plus assidus :


Le saviez-vous ? Un rapport au temps qui change selon culture, société et moment de la vie

En sociologie, le temps renvoie à une notion qui possède bien une réalité. Celle-ci conditionne fortement la manière dont on vit au sein d’une société. Emile Durkheim, par exemple, définissait le temps comme « une catégorie sociale de pensée qui rythme la vie des individus ».

Le temps est « vécu » avant de constituer une mesure de la durée ou un objet de réflexion. Il a énormément changé au fil… du temps, justement ! Dans les sociétés traditionnelles, le temps est cyclique, les activités étant rythmées par les saisons, les rituels religieux et les traditions. Ce temps qualitatif se modifie au XIXème siècle. La distinction entre le temps de travail et les autres temps de vie apparaît, avec la montée de l’industrialisation. Puis, comme le souligne Simonetta Tabboni (auteure des Temps Sociaux), « le temps de travail commence à s’insinuer dans le temps libre et inversement, en mélangeant des mondes symboliques différents. »

Le temps est aujourd’hui devenu une préoccupation. Il exerce une “pression” sur les individus qui tentent de le “gagner”. C’est le fameux “ Time is money” de Benjamin Franklin.


Mais attention, cette notion du temps est bien différente selon la société à laquelle on appartient. Comme l’a énormément étudié Edward T. Hall (notamment dans Catégories de temps et relativités culturelles), il existe deux modèles d’organisation du temps: «polychrone» et «monochrone».


Les systèmes “monochrones”, en Europe du Nord ou en Amérique du Nord, considèrent le temps comme une entité unique et tangible, qu’il est possible de planifier, contrôler, gaspiller et gagner. Contrairement aux cultures “polychrones” (sociétés méditerranéennes ou monde arabe) où les individus sont engagés dans plusieurs événements, situations ou relations à la fois, et le temps est rarement perçu comme «perdu». Raison pour laquelle, par exemple, un manque de ponctualité peut être un facteur d’irritation chez les “monochrones” et pas du tout chez les “polychrones”.


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