[Article écrit par Pauline Grousset pour Happiness Work]


Alors que depuis plusieurs semaines près de la moitié de l’humanité doit vivre en confinement, les conséquences de la crise sanitaire du Covid-19 sont nombreuses et même parfois irréversibles. En paralysant notre société, en transformant nos interactions, et à titre individuel, en bouleversant notre mode de vie, elles ébranlent nos certitudes. Une fois passé ce moment de sidération commune aux premiers jours de la crise, et en acceptant avec plus ou moins de facilité que cette situation ne trouvera pas une fin rapide, on peut entrevoir l’opportunité qu’elle nous donne, quand la crise agit comme un catalyseur du changement.


Comprendre le mot "crise" pour une meilleure gestion du changement


C’est ici qu’il faut faire appel à l’étymologie pour comprendre la signification exacte du mot « crise ». On n’en retient généralement que l’origine latine limitée de « manifestation grave d’une maladie ». Ainsi, ce sont ses aspects négatifs qui sont instinctivement retenus. Mais, le latin « crisis » vient du grec ancien « κρίσις », qui bien plus subtilement, compte de multiples définitions : l’action ou la faculté de distinguer, l’action de choisir, l’action de décider, le jugement, la lutte et, enfin, le dénouement, et donc la phase décisive d’une maladie. Le grec ancien signifie : je discerne, je comprends, je juge, je décide, j’agis, je trouve un remède… La crise, c’est donc l’état d’urgence qui nous pousse, par l’analyse rationnelle, à discerner les (bonnes) décisions à prendre et les (bonnes) actions à entreprendre et à les mettre en œuvre pour sortir d’une situation difficile. C’est aussi cette possibilité que nous offre la crise : le changement.


Ajuster sa stratégie en sauvegardant son identité


Ne soyons pas réducteurs pour autant, il faut considérer en priorité ceux qui n’ont pas le loisir d’être dans le temps de la réflexion. Ce changement de leur quotidien, pour l’instant, ils le subissent… Pour les soignants, ceux qui nous portent secours, organisent la vie de la cité, travaillent dans le secteur agro-alimentaire ou du transport, c’est le temps de l’action qui prime.  

En revanche, pour les autres, comme les entrepreneurs qui vivent un arrêt forcé de leur activité, et sont donc confrontés à un facteur de changement très intense, il est certain que celui-ci peut dès à présent être une des clefs de la survie de l’entreprise. Par exemple, un restaurateur pourra ainsi proposer des paniers alimentaires le temps du confinement. Cela montre, que presque comme un organisme vivant, il s’agit d’évoluer pour perpétuer son cycle de vie, une fois confronté à des bouleversements de son environnement, changer c’est ajuster sa stratégie et ses outils en tentant de sauvegarder son identité.


De la menace à l'opportunité


À plus long terme et en écho avec les profondes mutations qui pourront/devront être opérées dans notre société, changer c’est aussi transformer la source de la menace en opportunité de développement. Et si le lexique entrepreneurial est un bon moyen de comprendre les enjeux du changement, il illustre également bien la réflexion amorcée par certains sur l’interrogation identitaire qui s’amorce : qui sommes-nous ? Qu’est ce qui nous importe vraiment ? Cette réflexion, comme celle qui peut être menée au sein d’une entreprise pourra si l’on s’en donne les moyens, se répercuter peu à peu dans notre société par un phénomène de cercle vertueux. Le changement individuel, devient ainsi relationnel, puis organisationnel. Quelle ambition ! Il est parfaitement normal que cela suscite des inquiétudes… D’ailleurs ce que l’on nomme la « courbe du changement » montre parfaitement les différentes phases qui lui sont intrinsèques, pour ne citer que les principales : rejet, deuil, et enfin intégration.  

Le changement nous fait passer du mode automatique, avec la routine, les certitudes, la rigidité – ce qui est aussi salvateur dans de nombreuses situations et nous permet de prendre des centaines de décisions par jour – au mode adaptatif qui lui met en avant la curiosité, l’ouverture d’esprit ou la nuance. Il nous permet d’avoir une vision plus large sur des situations inconnues, nouvelles, non maîtrisées avec une plus grande sérénité́. Ce mode mental permet d’accepter des situations complexes, de les gérer plus facilement et ainsi de gagner en efficience. C’est précisément le défi que la somme des individus aura l’opportunité de mener collectivement à la fin de cette crise.


L'apport des neurosciences


Certes le changement n’est pas simple, mais de nombreux outils sont à notre disposition pour l’accompagner. Les neurosciences par exemple, grâce notamment au progrès fulgurant de l’imagerie, est un vaste domaine qui a fait ses preuves dans le monde de l’entreprise et nous donne des clefs pour façonner une société peut-être plus bienveillante. Il s’agit de mesurer et de prendre en compte en même temps l’état affectif et cognitif d’un individu. Cela nous ouvre la compréhension des mécanismes de l’apprentissage, de la mémoire, de l’engagement ou de la prise de décision. Par exemple, rien ne sert de noyer ses collaborateurs sous une masse d’arguments clefs car la mémoire du travail n’en retiendra que trois. Ou bien favoriser un esprit de compétition à outrance plutôt qu’une émulation saine met le système cérébral en état d’alerte. Elles étudient aussi la neuroplasticité, c’est-à-dire la capacité du cerveau à remodeler ses connexions en fonction de l'environnement et des expériences, les neurones miroirs, comme ceux de l'empathie, le cerveau social qui guide les relations aux autres… Bref autant de connaissances scientifiques, autant de leviers de changement, qui démontrent l’importance de créer un environnement neuro-bienveillant.  

Ainsi, la crise sanitaire agit comme un catalyseur de changement et peut nous donner une opportunité incroyable à l’échelle de l’individu au travers d’une réflexion personnelle, par le biais de son travail notamment, et donc au cœur de la société. Stimuler les émotions positives, la créativité, ou la communication, en réalité, remettre l’Humain au cœur des interactions et des process, ces thématiques chères à Happiness Work, sont les clefs qui permettront de saisir cette opportunité. 

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Lors du prochain article, vous découvrirez nos conseils pratiques pour parvenir à changer soi-même et inspirer les autres. Si vous voulez être averti lors de la parution de cet article, écrivez à info@happiness-work.fr